Parce qu'à travers mon crime j'ai violé les lois les plus sacrées de
l'Univers, je me retrouve écrasé par ses principes implacables. Réveillé
brutalement sous le soleil de la vérité, il me reste deux solutions : soit
j'accepte la brûlure de ses rayons rédempteurs, soit je choisis de demeurer dans
le lâche confort du mensonge.
Les conséquences de mes actes sont à la mesure de l'ordre cosmique. Je gis
dans cette prison aux prises avec l'inébranlable épaisseur des murs,
l'impitoyable verrouillage de la porte, la décourageante résistance des
barreaux. Je me confronte à l'invincibilité des éléments : à présent que je suis
enfermé, les forces naturelles se dressent face à moi au lieu de se tenir à mes
côtés. Hier alliées, aujourd'hui adversaires, ces réalités matérielles me
retiennent définitivement dans ma cellule.
Au tout début je considérais ces montagnes infranchissables comme des
épreuves à vaincre, pour ne pas dire des ennemis à terrasser frontalement.
Quelle erreur ! Comme s'il y avait avantage pour moi à percer les murailles et à
briser les chaînes... Après m'être vainement mesuré à l'acier et avoir
inutilement résisté contre plus fort que moi, j'ai fini par comprendre que la
vertu se montrait finalement plus coriace que le vice.
Le mal arbore toujours des apparences flatteuses et le bien se manifeste
généralement sous des dehors âpres. Le combat entre le gouffre et le sommet
semble inégal, l'ombre remportant quasi systématiquement les premières
batailles. Sauf qu'une fois la nuit achevée, aussi longue soit-elle, le jour se
lève fatalement sur les péchés consommés. Et l'heure des comptes sonne. Mauvais
calcul pour les ténèbres : au final la lumière sort totalement triomphante de
cette guerre de géants.
Et je me vois gémir dans ma geôle, conscient de ma faute, minuscule devant
l'immensité du vrai, du beau, du bon, du juste.
Pauvre fétu humain impuissant, durement rattrapé par le réel...
Ici dans ce trou ultime où je m'éternise, et c'est déjà cela de gagné, je
n'ai pas à me battre.
Seulement à subir.
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