16 novembre 2025

66 - Au pied du mur

Parce qu'à travers mon crime j'ai violé les lois les plus sacrées de l'Univers, je me retrouve écrasé par ses principes implacables. Réveillé brutalement sous le soleil de la vérité, il me reste deux solutions : soit j'accepte la brûlure de ses rayons rédempteurs, soit je choisis de demeurer dans le lâche confort du mensonge.
 
Les conséquences de mes actes sont à la mesure de l'ordre cosmique. Je gis dans cette prison aux prises avec l'inébranlable épaisseur des murs, l'impitoyable verrouillage de la porte, la décourageante résistance des barreaux. Je me confronte à l'invincibilité des éléments : à présent que je suis enfermé, les forces naturelles se dressent face à moi au lieu de se tenir à mes côtés. Hier alliées, aujourd'hui adversaires, ces réalités matérielles me retiennent définitivement dans ma cellule.
 
Au tout début je considérais ces montagnes infranchissables comme des épreuves à vaincre, pour ne pas dire des ennemis à terrasser frontalement. Quelle erreur ! Comme s'il y avait avantage pour moi à percer les murailles et à briser les chaînes... Après m'être vainement mesuré à l'acier et avoir inutilement résisté contre plus fort que moi, j'ai fini par comprendre que la vertu se montrait finalement plus coriace que le vice.
 
Le mal arbore toujours des apparences flatteuses et le bien se manifeste généralement sous des dehors âpres. Le combat entre le gouffre et le sommet semble inégal, l'ombre remportant quasi systématiquement les premières batailles. Sauf qu'une fois la nuit achevée, aussi longue soit-elle, le jour se lève fatalement sur les péchés consommés. Et l'heure des comptes sonne. Mauvais calcul pour les ténèbres : au final la lumière sort totalement triomphante de cette guerre de géants.
 
Et je me vois gémir dans ma geôle, conscient de ma faute, minuscule devant l'immensité du vrai, du beau, du bon, du juste.
 
Pauvre fétu humain impuissant, durement rattrapé par le réel...
 
Ici dans ce trou ultime où je m'éternise, et c'est déjà cela de gagné, je n'ai pas à me battre.

Seulement à subir.

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