Les nuits de clairs de lune mon ciel est toujours le même : il m'apparaît
invariablement comme un espace pétrifié. Les projecteurs de la prison
m'empêchant d'apercevoir les astres à travers ma fenêtre, il n'y a jamais
l'ombre d'une nouveauté qui brille au-dessus de ma tête. Lorsque je dirige mon
regard vers les étoiles, je n'y vois que du feu. Le firmament depuis ma cellule
se résume à une couverture de lumière artificielle, totalement opaque. Seuls les
puissants éclairages sécuritaires de l'enceinte carcérale m'éblouissent.
Et il ne me reste plus qu'à imaginer celle qui fut la reine de mes joies
nocturnes. En guise de sphère lunaire, je n'ai que ma mine terne à contempler
dans le miroir. Ce pauvre visage éteint que je fixe inutilement, dernier reflet
sans flamme de ce que je suis devenu, ne me dit vraiment rien qui vaille... Mon
air triste n'a pas cette beauté mélancolique si particulière au satellite quand
il rayonne au zénith.
Je sais que cette chandelle céleste vogue là dans les nues, splendide,
radieuse, si haut dans ses sommets éthériques, tandis que je me morfonds entre
mes âpres murs... Elle demeure invisible à mes yeux mais elle est bien présente
pourtant. Avec sa clarté désormais effacée par les spots du pénitentiaire, je la
perçois aujourd'hui de manière lointaine, abstraite et incertaine,
malheureusement. Sa compagnie, purement théorique à présent que sa pâle lueur ne
me parvient plus, rend ma solitude plus profonde encore. Elle a disparu de mon
champ de vision, elle que j'aimais tant, du temps de ma liberté.
Je ne la retrouve qu'en rêve. Follement idéalisée, peut-être. Irréelle,
autrement vivante, moins éloignée ou davantage lumineuse qu'elle n'est en
réalité... J'ai peur d'en oublier son immuable simplicité, son calme mystère, sa
tranquille nature.
Elle émerge de l'infini, belle, éternelle, inchangée, hors de ma ma vue
cependant, alors qu'au fond de mon trou noir, le coeur plein de son souvenir, je
ne pense qu'à sa face perdue.
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