29 septembre 2025

24 - Insomnies

Il m'arrive parfois de passer des nuits blanches sous le ciel noir de ma réclusion.
 
Au lieu de partir dans la légèreté des rêves, je reste cloué au sol jusqu'à l'aube, alourdi par mes idées sombres. La lumière de ma cellule ne s'éteignant jamais, cela ne m'aide guère à fermer l'oeil pour mieux ouvrir mon âme aux doux mirages oniriques.
 
Etendu sur mon lit, je garde les yeux ouverts en fixant le vide du plafond. Et à travers cette surface éclairée qui se reflète en même temps sur mon visage, je vois des choses effroyables, j'entends des sentences terribles, je lis des mots de glace.
 
Toute la misère de ma culpabilité, le poids de mes agissements, les conséquences de mes choix.
 
Ce sont alors des heures de cauchemars éveillés, passées à ruminer sur ces murs qui m'entourent et que j'ai érigés moi-même. Sur cette tombe carcérale que par mes actes j'ai creusée. Sur ce néant où par ma faute j'ai atterri... Je m'enfonce alors plus bas que terre dans les profondeurs de mon trouble, sans pouvoir m'apaiser.
 
Qui donc au coeur de ma solitude, au fond de mon gouffre, dans l'enfer du silence viendra me soutenir ? Seule la caméra de surveillance, avec son regard déshumanisé, est témoin de ma détresse. Il n'y a nulle présence pour s'émouvoir de ma peine dans ces instants de faiblesse où je perds pied. Et je chute vertigineusement. J'aborde un monde de ténèbres où je me retrouve en compagnie de ma propre personne, et je fais face à une ombre qui porte mon nom... Et c'est la pire des réalités que de se découvrir dans toute la crudité de la vérité.
 
Mon insomnie infernale demeure secrète. Je souffre sans espoir d'être consolé. Et j'attends que tout finisse.
 
Après tant de pesanteur et de déprime vient l'aurore qui peu à peu efface mes tourments nocturnes.

Plus tard le matin, au moment de se lever, je m'endors enfin d'un sommeil réparateur.

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