01 octobre 2025

27 - Je tourne en rond

Je m'occupe autant que je peux dans l'espace restreint de ma cellule, certes. Cela n'empêche pas que certains jours, l'enfer de ma vie confinée devient impossible à canaliser. Et au lieu d'emprunter de fructueux chemins, qu'ils soient horizontaux ou verticaux, franchement pragmatiques ou vaguement poétiques, purement cérébraux ou tangiblement domestiques, je tourne bêtement en rond dans ma cage.
 
Cependant tout ne se révèle pas aussi simple qu'on serait tenté de le penser.
 
En réalité cette activité aux apparences déprimantes s'avère moins négative qu'on pourrait le croire.
 
Marcher ainsi à pas vifs dans ma geôle minuscule génère en moi des idées noires, il est vrai. Mais cela dissipe mon stress à la fois. M'enfoncer dans une voie sombre, c'est également m'engager vers toutes les formes de l'inconnu, les potentielles bonnes surprises, les éventuelles portes de sortie.
 
L'imprévisible virage fait parfois dévier avantageusement les plus funestes conduites.
 
Finalement, en prenant la déicision de diriger mon esprit vers la lumière après avoir bien pataugé dans les ténèbres, ma vision des choses change positivement. Et mon coeur suit naturellement le mouvement de mes pensées.
 
Ma ronde absurde entre les murs de la pièce se transforme progressivement en une idéale escapade.
 
Au départ stérile égarement, vaine errance, franche aliénation, cette fuite sur place évolue vers une quête de sens, une progression vers plus de clarté, une tentative de prise de hauteur.
 
Je me morfonds en faisant le tour de mon monde clos depuis une heure ? Fort bien. Je ferai donc de cette folie de bête une sagesse d'ange.
 
Je préfère tirer avantage de toutes les opportunités, obligations et inconvénients de ma réclusion plutôt que perdre mon temps à m'en désoler, du moins tant que j'en ai et la force et la volonté... Ainsi en décidant d'élever mon regard, je me rends compte que cela m'entraîne dans un cercle vertueux.
 
Et ma chorégraphie de pauvre hamster dément prend alors les allures d'un tourbillon ascendant pour mon âme avide d'horizons, de ciel et d'infini... Je longe inlassablement les frontières infranchissables de mon univers exigu, passe et repasse devant les quatre coins de mon antre de claustré, refais le même circuit étriqué tout en imaginant cheminer dans des étendues verdoyantes, des prairies fleuries, des forêts immenses...

Ce sport pratiqué à l'étroit m'apporte tous les bénéfices : je parcours deux ou trois kilomètres autour des remparts de béton qui m'emprisonnent.

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