Je ne recevrai plus jamais la caresse du Soleil sur mon front.
Le plafond de ma cellule forme désormais mon unique azur. Et la seule
clarté sous laquelle je m'éveille le matin provient de l'ampoule
électrique.
Mon âme cherche malgré tout une chaleur illusoire sous cet éclairage
sécuritaire. La fenêtre de ma geôle renforcée de barreaux donne sur un angle
restreint de la prison, une parcelle déserte de la cour cimentée, une vue
sinistre et pétrifiée sur la mort du dehors.
Dans ces conditions regarder à l'extérieur ne m'apporte rien. Ce décor de
béton ne présente pour moi d'intérêt véritable que les jours de pluie où je
peux jouir du spectacle de l'eau déversant quelques gouttes de vie à la
sécheresse de cette maçonnerie désolante.
La nuit, ébloui par les projecteurs, je ne puis même pas percevoir les
rares étoiles se situant dans mon champ de vision limité. Dès que vient le soir,
le peu d'espace céleste auquel j'ai accès se trouve systématiquement bouché,
cruauté de la chose, non par l'opacité et la hauteur des murs de l'enceinte,
mais par les feux nocturnes. Aveuglants, ils effacent totalement le firmament,
m'empêchant de plonger le regard vers l'infini.
Prisonnier de mon trou et en même temps piégé par la lumière, quelle ironie
! Dans ces moments où, omniprésente, envahissante, trop crue, trop laide,
inhumainement réglementaire, purement artificielle, douloureuse,
cauchemardesque, j'aimerais la fuir pour mieux m'évader virtuellement, elle me
rattrape et m'interdit de rêver sous les astres...
La pièce dans laquelle je dois passer le reste de mon existence demeure
allumée en permanence, comme la reproduction miniature du vaste bloc
pénitentiaire qui m'entoure.
Impossible d'échapper à la voûte de plomb de ma chambre de captif et à sa
flamme invariable qui me surveille vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Ce ciel blanc au-dessus de mon lit est ma bête noire.
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