Ce ne sont pas toujours des rêves de liberté que j'ai dans la tête. Il
m'arrive également d'avoir des idées plus variées, aussi larges que possible,
beaucoup moins restrictives... L'évasion pour moi ne passe pas fatalement par le
franchissement de la porte de la prison. Elle consiste également dans ma
capacité à faire de mon gouffre un sommet, de mon trou un promontoire, de ma
solitude un asile, comme si ma cellule était devenue une sorte de refuge.
Un prétexte pour parvenir radicalement à l'essentiel et me purger de toutes
les lourdeurs.
Au moins le temps qu'il faut pour que je puisse retrouver un équilibre. Je
suis un déjà mort, c'est d'accord. Cependant je respire et palpite derrière mes
barreaux, je dois donc chercher ma place exacte au sein des choses, me resituer
précisément par rapport à la réalité, atteindre la juste mesure entre l'ombre et
la lumière, la chair et l'esprit, le tangible et l'impalpable.
En un mot, me replacer au centre de mon destin, aussi sinistre soit-il.
Vouloir y échapper équivaut à s'emprisonner une seconde fois.
Assumer son crime permet d'accéder à une ascétique libération. Cela
signifie élargir son âme, entrer dans un nouvel espace intérieur, monter et non
pas descendre.
Ma chance, si je puis dire, c'est que je ne veux pas fuir stérilement hors
de moi-même. Je préfère mieux fleurir en me nourrissant du sombre terreau de ma
geôle, tirer profit du peu afin de viser plus haut. Avec fruit, sortir mes
pensées, ainsi que ma carcasse si c'était faisable, loin de ma fosse non pour
m'y soustraire bêtement mais dans le but impérieux de rejoindre une sphère
supérieure.
Voler n'a de sens à mes yeux que si les ailes espérées m'emportent
vraiment. Non pas tant au-delà des simples murs de pierre mais, si modestement
que ce soit, vers l'horizon prometteur des jours rédempteurs.
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