Il frappe le plus souvent possible à la porte de ma cellule afin de venir
s'adosser inutilement aux murs qui m'entourent en s'assurant que je ne fasse
rien, avant de s'étendre platement sur le sol pour mieux se tenir immobile face
au plafond.
Il se montre sans vie, dénué de sève, exsangue, amorphe.
L'ennui est mon pire compagnon de route dans cet interminable voyage
statique au coeur de ma chambre de fer.
Il plane au-dessus de moi, s'installe sur mes épaules, se blottit sous les
draps de mon lit, se plante pendant des heures devant ma fenêtre bardée de
barreaux, ne me laisse nul répit... Il s'annonce lourd comme un dimanche de
mort, promet d'être aussi soporifique qu'une ligne droite, demeure inerte telle
une pierre tombale.
Il ne me quitte que rarement, uniquement lorsque je joue avec mon ombre,
que je regarde ailleurs ou que je confie quelques mots libérateurs à ma feuille
de papier... Quand je me tiens assez loin de sa face morne, il consent à ce que
je respire sans lui.
Mais dès que j'en ai fini avec mes affaires, il revient vite me voir. Il ne
veut visiblement pas que je me retrouve seul. Possessif et tyrannique, il désire
me faire mourir en son nom en m'étreignant de ses bras flasques. Non content de
me poursuivre de ses molles ardeurs, il cherche une faille en moi pour me
pétrifier dans la torpeur. Ce froid calculateur, inlassablement, compte un par
un les moutons de l'insomnie.
Il vient sans cesse me hanter au fond de ma prison jusqu'à ce que, trop las
de sa présence, je m'endorme enfin.
Il y a heureusement une chose qu'il lui est impossible de faire, c'est
d'entrer dans mes rêves.
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