Quand je suis dans mes rêves, je me lève le matin avec des ailes dans le
dos. Je m'envole alors de mon lit avec des légèretés de papillon.
Mes semelles me portant subitement vers tous les horizons, je prends tout
simplement la direction du vent qui vient sans me poser de question, plein de
lumière dans les poches et autant d'azur dans la tête. Il ne me reste plus qu'à
suivre le chemin lumineux que me montre mon coeur : ce dernier balance entre les
fleurs et les étoiles. Vous pensez bien que mon choix est vite fait ! Je me
précipite les yeux fermés vers l'un ou vers l'autre, certain d'arriver à bon
port.
Et j'atterris à chaque fois plus loin que ce qu'imaginent ces sots qui
m'entourent. Au-delà des frontières banales et attendues de mes frères humains
imbéciles, grossiers, obèses et vulgaires.
Mon ciel de liberté n'a aucun rapport avec leur boue de bêtes à deux
pattes. Moi je monte et plane dans l'éther des âmes supérieures. Je chante non
pas le vin, l'or ou les vaines gloires de ce siècle, mais l'immensité des océans cosmiques, la hauteur des mondes intérieurs, la beauté des réalités
impalpables.
La poésie m'appelle, me brûle, m'éclaire. Elle me fait ouvrir les portes,
briser les barreaux, sortir de mon trou, voyager, rire et pleurer.
Les autres dorment.
Ils habitent sur Terre, au bord des rivières, au sommet de tours, au milieu
des cités ou bien entre mer et montagnes et demeurent pourtant dans leur prison
mentale. Certes, ils peuvent aller et venir où bon leur semble. Mais en traînant
des enclumes dans leur esprit. Leur bonheur est purement matériel, temporel,
borné à leur vue prosaïque.
Le mien ne se mesure pas.
Et lorsque après avoir atteint le firmament des élus je reviens de si haut,
oubliant le poids des heures et l’épaisseur des murs, étendu sur ma couche je
crois voir passer des nuages en formes de château céleste ou de cheval au galop
sur le plafond de ma cellule.
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