14 octobre 2025

42 - Mes rêves

Quand je suis dans mes rêves, je me lève le matin avec des ailes dans le dos. Je m'envole alors de mon lit avec des légèretés de papillon.
 
Mes semelles me portant subitement vers tous les horizons, je prends tout simplement la direction du vent qui vient sans me poser de question, plein de lumière dans les poches et autant d'azur dans la tête. Il ne me reste plus qu'à suivre le chemin lumineux que me montre mon coeur : ce dernier balance entre les fleurs et les étoiles. Vous pensez bien que mon choix est vite fait ! Je me précipite les yeux fermés vers l'un ou vers l'autre, certain d'arriver à bon port.
 
Et j'atterris à chaque fois plus loin que ce qu'imaginent ces sots qui m'entourent. Au-delà des frontières banales et attendues de mes frères humains imbéciles, grossiers, obèses et vulgaires.
 
Mon ciel de liberté n'a aucun rapport avec leur boue de bêtes à deux pattes. Moi je monte et plane dans l'éther des âmes supérieures. Je chante non pas le vin, l'or ou les vaines gloires de ce siècle, mais l'immensité des océans cosmiques, la hauteur des mondes intérieurs, la beauté des réalités impalpables.
 
La poésie m'appelle, me brûle, m'éclaire. Elle me fait ouvrir les portes, briser les barreaux, sortir de mon trou, voyager, rire et pleurer.
 
Les autres dorment.
 
Ils habitent sur Terre, au bord des rivières, au sommet de tours, au milieu des cités ou bien entre mer et montagnes et demeurent pourtant dans leur prison mentale. Certes, ils peuvent aller et venir où bon leur semble. Mais en traînant des enclumes dans leur esprit. Leur bonheur est purement matériel, temporel, borné à leur vue prosaïque.
 
Le mien ne se mesure pas.

Et lorsque après avoir atteint le firmament des élus je reviens de si haut, oubliant le poids des heures et l’épaisseur des murs, étendu sur ma couche je crois voir passer des nuages en formes de château céleste ou de cheval au galop sur le plafond de ma cellule.

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